Liste des équipes internes de l’unité
Les Opérations de Recherche (programmes collectifs)
1. Le Réseau International pour l'Aménagement de la Langue Berbère
Resp. S. Chaker & K. Naït-Zerrad
Participants :
Inalco : R. Achab, M. Aghali, A. Boumalk, A. Bounfour, A. Elmountassir, M. Lafkioui, K. Naït-Zerrad, N. Smaïl, M. Tilmatine.
Etranger : M. Ahmed-Zaïd (Tizi-Ouzou), A. Boukous (Rabat), V. Brugnatelli (Milan), K. Bouamara (Béjaïa), C. Castellanos (Barcelone), M-O. Ousalem (Tizi-Ouzou), A. Rabehi (Bejaïa), N. Tigziri (Tizi-Ouzou).
Mis en place à l'occasion d'un atelier organisé en octobre 1998, le réseau est en fait la formalisation d'activités collectives engagées depuis 1993 dans le domaine de l'aménagement linguistique par l'équipe berbère :
- Table ronde internationale « Phonologie et notation usuelle en berbère », avril 1993;
- Atelier « Problèmes en suspens de la notation usuelle du berbère », juin 1996;
- Atelier « Aménagement linguistique de la langue berbère », octobre 1998.
Dans l'environnement actuel de la langue berbère, le passage à l'écrit, la standardisation de la langue sont des conditions absolues, non seulement pour le développement de la langue et de la culture berbères, mais tout simplement pour leur survie. Le monde qui supportait l'oralité traditionnelle s'effondre chaque jour un peu plus, les agents culturels anciens disparaissent peu à peu, les chaînes de transmission se rompent, les conditions de production et d'existence mêmes de cette culture orale disparaissent... Et l'Ecole enseigne et valorise d'autres langues, d'autres références culturelles, accentuant et accélérant le processus de marginalisation, de régression, de folklorisation. A terme, il ne peut y avoir maintien berbère en dehors d'une scolarisation généralisée en langue berbère et donc d’une large diffusion de l'écrit.
Or, actuellement, il n'existe pas, ni dans les pays berbérophones (où le statut de la langue reste très incertain, malgré quelques progrès récents), ni au plan international, d'instance de coordination, d'impulsion et d'évaluation des actions d'aménagement linguistique, qui sont pourtant nombreuses et diverses, mais qui procèdent le plus souvent d'initiatives d'individus et de groupes associatifs, plus ou moins compétents. En fait, une assez grande anarchie règne en ce domaine, anarchie tempérée uniquement par l'existence de quelques rares pôles de légitimité scientifique en matière berbère, dont le principal est l'Inalco. C’est pour cela que l’atelier d’octobre 1998 a retenu le principe de la constitution d’un Réseau International pour l’Aménagement de la Langue Berbère, qui fonctionne comme cadre permanent d’orientation, d’élaboration, d’évaluation et de diffusion de recommandations et d'initiatives dans tous les domaines de l'aménagement de la langue.
Le noyau initial est constitué par l’équipe berbérisante de l’Inalco, mais d'autres institutions, notamment algériennes et marocaines, pourront s'y adjoindre. Une collaboration particulièrement étroite existe déjà en la matière avec les Département de Langue et Culture Berbères de l’Université de Béjaïa et Tizi-Ouzou en Algérie. Des contacts réguliers existent également avec les universités marocaines (Oujda, Fès, Rabat, Agadir) et devraient connaître une formalisation dans le courant 2001 (négociations en cours avec Agadir et Rabat). Le réseau est donc ouvert :
- aux institutions universitaires européennes, algériennes, marocaines et nigéro-maliennes;
- aux universitaires berbérisants individuels intéressés par les questions d’aménagement;
- aux associations ayant une action reconnue en la matière (comme le dynamique Conseil de la Langue Mozabite).
Le réseau initie des rencontres qui peuvent avoir lieu aussi bien en France que dans les pays du Maghreb ou en Europe et font suite à celles qui ont été organisées par le Crb depuis 1993.
Un colloque est programmé à Béjaïa (Algérie) du 8 au 10 avril 2001, en collaboration avec le Département de Langue et Culture Berbères de cette université. Une seconde rencontre, plus large, « Bilan et perspectives de l’enseignement du berbère » est prévue à l’Inalco pour octobre 2001.
Les principaux chantiers retenus par le réseau sont les suivants :
- Notation usuelle : affinement des propositions antérieures (1993, 1996, 1998) ; règlement des questions pendantes (notamment en matière de segmentation et d'assimilations, usage du trait d’union) ; ensemble de conventions à définir (ordre alphabétique, nom des caractères alphabétiques, usage des majuscules, siglaison, noms propres...). Elaboration de dictionnaires orthographiques.
- Standardisation : construction d’une forme standard de chaque grande variété régionale du berbère (kabyle, chleuh... "fondamental", aux plans phonologique, morpho-syntaxique et lexical).
- Lexique et terminologie : contribution à la collecte et à la mise à disposition du lexique berbère ; mise en place d’une structure permanente pour la terminologie avec la constitution d’un réseau de terminologie berbère "Termber", s’inspirant des expériences de langues dont la situation est proche de celle du berbère (catalan et basque notamment).
- Instrumentalisation : contribuer à/encourager l’élaboration de matériels didactiques divers : anthologies de textes pour différents niveaux d'enseignement, méthodes de langue, traductions en berbère (œuvres littéraires, ouvrages de référence en histoire, géographie et autres sciences sociales).
2. Le Dictionnaire biographique de la Kabylie
Resp. S. Chaker
Participants :
[Comité de Rédaction] A. Bounfour, D. Abrous, R. Bellil, M. Benbrahim, A. Bounfour, S. Doumane, S. Hachi, M. Mahfoufi, D. Merolla.
+ Nombreuses participations individuelles pour la rédaction des notices particulières [pour le 1er volume paru : 11 rédacteurs en plus des 9 membres du CR].
Le projet a pour objet l'élaboration d’un dictionnaire biographique de la Kabylie (Dbk). Mais, plus qu’un outil documentaire stricto sensu, il a pour ambition de proposer une encyclopédie historique et culturelle de la Kabylie à travers ses hommes et ses femmes.
Car, la Kabylie, principale zone berbérophone d’Algérie, est une région traditionnellement bien individualisée, par sa langue, son histoire, son organisation sociale, sa culture, dans l’ensemble algérien et maghrébin. Dans cet espace kabyle, traditionnel et actuel, les balises les plus visibles sont des hommes : le Dbk vise à identifier et documenter “les hommes et les femmes qui ont fait (ou font) la Kabylie”.
Il n’existe actuellement aucun instrument de ce type et, si l’on peut trouver un certain nombre d’informations relatives aux personnalités de la Kabylie, elles sont dispersées dans la documentation ethnologique et littéraire consacrée à la région, dans les sources historiographiques, dans les dictionnaires biographiques de l’Algérie, et dans les archives inédites, notamment celles de la période française (Archives d’Outre-Mer à Aix-en-Provence ou Archives nationales de Paris).
A l’exception de quelques rares personnages historiques, le Dbk couvrira essentiellement la période moderne (à partir de l’arrivée des Turcs au début du XVIe) et contemporaine ; de fait, la très grande majorité des personnages appartiennent aux XIXe et XXe siècles. Les personnages documentés relèvent de trois champs principaux :
- Les créateurs et relais culturels :
les poètes de la tradition orale
les poètes et chanteurs modernes
les écrivains modernes, de langue berbère ou autre
les créateurs et artistes modernes (musique, arts plastiques etc.)
les relais culturels : savants berbérisants et relais locaux (instituteurs...)
- Les acteurs du religieux : les saints et personnages religieux de la Kabylie
- Les acteurs politiques :
les grandes figures historiques
les principaux acteurs politiques contemporains
Auxquels s’ajouteront un certain nombre d’acteurs collectifs.
Le nombre de personnages à documenter est estimé à environ 350. La publication de l’ensemble prendra la forme de volumes de 30 à 40 notices, dont la publication s'étalera sur une durée maximale de cinq ans.
Le premier volume (38 notices) est paru en février 2001, Aix-en-Provence, Edisud, 207 p.
3. Didactique du berbère
Resp. A. Aghali, A. Bounfour, K. Naït-Zerrad
Participants :
R. Achab, M. Aghali-Zakara, A. Boumalk, S. Chaker, S. Doumane, A. Elmountassir, N. Smaïl
Elaboration d’instruments à vocation didactique pour les variétés de berbère enseignées à l’Inalco (touareg, kabyle, chleuh) : méthodes de langue, grammaires pédagogiques et dictionnaires usuels. Plusieurs outils ont déjà été réalisés dans les années précédentes (notamment pour le touareg par M. Aghali). Actuellement, deux groupes de travail préparent des matériels :
- Pour le tachelhit : méthode d’enseignement + dictionnaire usuel (MM. Bounfour, Boumalk et Elmountassir, M. Douchaïna).
- Pour le kabyle : à partir de l’analyse critique des méthodes d’enseignement du kabyle existantes (notamment Tizi-Wwuccen), élaboration d’outils didactiques pour ce dialecte : méthode de langue 1er et 2e niveau, recueils de textes, dictionnaire orthographiques (S. Chaker et plusieurs de ses doctorants ainsi que S. Doumane et N. Smaïl).
4. Syntaxe et intonation – Archives sonores de langue berbère
Resp. A. Mettouchi
Participants :
A. Bounfour, S. Chaker, J. Kuningas-Autio, M. Lafkioui, , N. Louali (Ddl-Cnrs, Lyon), , R. Ridouane (Paris-III), N. Smaïl, Mme Tigziri (Tizi-Ouzou).
Les phénomènes prosodiques comme indices de la structuration syntaxique et de construction du sens ont été abordés dans des travaux individuels par plusieurs membres de l’équipe (notamment S. Chaker, M. Lafkioui, A. Mettouchi et J. Kuningas-Autio). Des explorations instrumentales, confirmant le rôle décisif de l’intonation dans l’organisation de l’énoncé berbère ont été réalisées par S. Chaker il y a déjà plusieurs années (Linguistique berbère, études de syntaxe et de diachronie, Peeters, 1995, chapitres 8 & 7 ; voir aussi Comptes rendus du Glecs, t. 31, 1995, « Données exploratoires en prosodie kabyles, I & II », p. 27-82).
A l’initiative de A. Mettouchi, il a été décidé la constitution d’un groupe de travail permanent sur cette question, avec pour objectif la constitution d’une « grammaire de l’intonation » en berbère. La première séance de mise en place et de travail a eu lieu le 15 décembre 2000. Le programme fonctionnera sous la forme d’une rencontre trimestrielle régulière. Les implications et retombées escomptées de ce programme concernent à la fois la syntaxe et la sémantique des énoncés, mais aussi la pragmatique et l’analyse littéraire (poésie notamment). Dans la phase initiale, l’objectif premier sera la prise en main des logiciels d’analyse du signal utilisés sur PC.
Parallèlement, il a été décidé de profiter des équipements informatiques et sonores nécessaires pour la conduite de ce volet scientifique pour constituer des archives sonores de la langue berbère, mises à disposition des tous les chercheurs de l’équipe. Pour permettre une exploitation diversifiée (analyse prosodique, éventuellement phonétique, discursive et pragmatique), les enregistrements, numérisations et transcriptions seront faits selon un protocole unifié et explicite en cours d’élaboration (s’inspirant notamment des travaux du Lacito et de M.A. Morel et L. Danon-Boileau).
5. Littérature berbère
Resp. : A. Bounfour
Participants :
M. Aghali, K. Bouamara, R. Douchaïna, D. Abrous, D. Merolla, M. Lafkioui, A. Rabhi, M. Ameziane.
- Collecte et étude de la production de langue berbère, Théories et méthodes littéraires dans le domaine berbère,
- Elaboration de manuels d’analyse littéraire :
- La poésie (Cf. II/2.1 P4 : A. Bounfour, 1999) ;
- Les formes simples;
- La littérature narrative.
- Anthologies de la littérature traditionnelle et contemporaine par aires dialectales.
Recherches sur l’esthétique de la poésie berbère
Aspects formels : le vers et ses composantes (mètre, rythme, structures mélodiques, rime et assonances) ; les parallélisme sonores et syntaxiques.
Aspects sémantiques : les parallélismes sémantiques (syntaxe et sens) de la posésie gnomiques, lyrique et mystique.
Aspects socio-littéraires : production et réception de la littérature traditionnelle et moderne (les conditions de la performance : rituels, période et supports).