TAMAZIGHT - LANGUE BERBERE : Quelques données de base
Version audio (par S. Chaker)
Tamazight (nom berbère de la langue), couvre une aire géographique immense : Afrique du Nord, Sahara-Sahel ; on la rencontre principalement au Maroc, en Algérie, au Niger et au Mali (pour la variété touareg).
Langue partout minoritaire, le berbère s’est maintenu dans des zones refuges, surtout rurales et montagneuses. Elle est, de plus, diversifiée en de nombreuses variétés dialectales, dont trois sont actuellement enseignées à l'Inalco : le touareg (Sahara-Sahel), le chleuh (ou tachelhit) (Sud du Maroc) et le kabyle (Algérie du Nord).
Alors que le touareg bénéficiait depuis les indépendances du statut de « langue nationale » au Niger et Mali, le berbère est longtemps resté sans aucune reconnaissance institutionnelle en Algérie et au Maroc ; mais le statut du berbère a connu de sensibles améliorations depuis quelques années et des expériences, encore marginales, d’enseignement de tamazight sont engagées dans les deux pays.
Le berbère est l'une des branches de la grande famille linguistique chamito-sémitique (ou afro-asiatique), qui comprend, outre le berbère, le sémitique, le couchitique, l'égyptien (ancien) et, avec un degré de parenté plus éloigné, le groupe "tchadique" (haoussa).
Bien que le berbère soit une langue essentiellement de tradition orale, les Berbères possèdent, depuis au moins deux millénaires et demi, leur propre système d'écriture appelé"libyco-berbère" (et tifinagh en berbère). Il s'agit d'un système alphabétique (consonantique) aux usages traditionnellement assez restreints (funéraires, symboliques et ludiques). Actuellement, cet alphabet est toujours utilisé par les Touaregs et il connaît, sous des formes adaptées, une certaine extension dans les milieux kabyles et marocains. Mais depuis le début du XXe siècle, l'écrit berbère utilise surtout le support de l'alphabet latin (avec diverses adaptations) ou celui de l'alphabet arabe (en particulier au Maroc).
Le berbère a été en contact avec de nombreuses langues extérieures depuis la plus haute Antiquité : le punique d'abord, avec Carthage et les autres implantations phéniciennes ; le latin pendant toute la durée de la domination romaine et de la période chrétienne ; l'arabe, depuis la conquête de l'Afrique du nord et l'islamisation des Berbères (début du VIIIe siècle) par les Arabes. Le français, enfin, à travers la colonisation. Mais c'est surtout l'influence de la langue arabe, à l'oeuvre depuis 13 siècles, qui est, dans presque tous les dialectes, très sensible, notamment au niveau du lexique.
Le nombre de berbérophones est difficile à évaluer en l'absence de recensements linguistiques fiables et de la situation sociolinguistique générale très défavorable à la langue berbère. On peut cependant estimer les berbérophones à :
- 20 à 25 % de la population algérienne
- 35 à 40 % de la population marocaine,
Auxquels s'ajoutent plus d’un million de Touaregs réparti sur cinq Etats distincts (Algérie, Libye, Niger, Mali, Burkina-Fasso). Les autres groupes berbères (Libye, Tunisie, Egypte, Mauritanie) sont beaucoup plus réduits et ne comptent guère plus de quelques milliers à quelques dizaines de milliers de personnes.
Il convient également de mentionner l’importante population résidant à l’extérieur des régions traditionnellement berbérophones, notamment dans les grandes villes d’Algérie et du Maroc, mais aussi en Europe, notamment en France, où l'immigration berbère est très ancienne et numériquement considérable : les Kabyles à eux seuls y représentent sans doute près d’un million de personnes.
L'enseignement du berbère à l'Inalco a débuté en 1913. Il associe initiation pratique à différents dialectes (touareg, chleuh, kabyle) et formation théorique en linguistique, littérature et civilisation.
Instruments bibliographiques
Pour plus d'infos : Bibliographie de base