Langues & littératures berbères et arabe maghrébines : dynamiques et enjeux actuels
Journée d’étude - 7 avril 2009, MMSH (Aix-en-Provence)
Journée d'Etude conjointe LACNAD (EA 4092, Inalco) / IREMAM (UMR 6568, Cnrs, Aix)
Organisateurs : Salem CHAKER (LACNAD/IREMAM)
Le contexte institutionnel
Depuis plusieurs années, est explorée la perspective d'un rapprochement entre l'IREMAM et le LACNAD (= « Langues & Cultures du Nord de l'Afrique et Diasporas », EA 4092, Inalco). Perspective inscrite dans les dossiers quadriennaux respectifs des deux équipes. Il existe en effet des collaborations nombreuses et anciennes et des complémentarités évidentes entre les deux unités : l'une est centrée sur les langues et littératures « locales » du Nord de l'Afrique (= domaines berbère et arabe maghrébin), l'autre a une vocation plus large aux plans géographiques et disciplinaires (avec prépondérance des sciences sociales). La mutation de S. Chaker (qui dirige le LACNAD jusqu'à la fin 2009) à l'Université de Provence depuis le 1er septembre 2008 apparaît comme une circonstance favorable à la concrétisation de ce rapprochement. Aussi les deux unités se sont engagées à mettre en place, à brève échéance un cadre conventionnel (type « GIS » ou autre) visant à coordonner leurs activités dans le domaine « Mondes Berbères - Maghreb » (déclaration d'intention signée par Gh. Alleaume et S. Chaker en date du 10/12/2008).
C'est dans ce contexte que nous proposons l'organisation d'une première journée d'étude conjointe IREMAM/LACNAD à Aix-en-Provence, consacrée aux enjeux actuels autour du berbère et de l'arabe maghrébin, essentiellement en Algérie et au Maroc (et en France !)
Argument
Depuis le début des années 1990, en Algérie comme au Maroc, par des cheminements distincts mais certainement pas sans liens, on constate une évolution sensible du statut institutionnel et social (?) de la langue berbère ; évolution qui a abouti en Algérie à la reconnaissance constitutionnelle du berbère en tant que « seconde langue nationale » (mai 2002) et à la mise en place d'enseignements dans les deux pays (depuis la rentrée 1995 en Algérie et la rentrée 2003 au Maroc).
Pour l'arabe maghrébin, le changement est certainement beaucoup moins net, mais on observe aussi une certaine consolidation de ses positions au Maroc où la question de son statut a suscité récemment un débat d'opinion assez vif ; et, au Maroc comme en France, son statut réel, notamment sur la scène culturelle, semble se renforcer.
Bien sûr, la situation du berbère et celle de l'arabe maghrébin ne sauraient être confondues : chacune des deux langues présente des spécificités socio-historiques et sociolinguistiques très marquées. Pour l'une, langue minoritaire et marginalisée depuis des siècles, la question qui se pose est d'abord celle de sa transmission et de sa survie ; pour l'autre, véritable langue véhiculaire du Maghreb, le problème est plutôt celui de sa coexistence et de son articulation avec la langue officielle, l'arabe classique : la situation de diglossie ne remet en aucune façon en cause son existence de fait.
Néanmoins, le contexte nouveau qui se met en place amène à formuler un certain nombre d'interrogations, en partie communes aux deux langues, liées à leurs nouvelles légitimités dans l'espace public. Il s'agit de questionnements inédits, induits par une situation en évolution rapide. L'observation et l'analyse des processus en cours, indispensables, exigent une grande prudence et une certaine humilité. On ne prétendra donc pas apporter des réponses définitives à toutes les questions qui se posent, mais plutôt, dans une démarche largement exploratoire et programmatique, identifier et expliciter les nouveaux enjeux qui se nouent.
Thématiques
- Langues et dialectes berbères face à l'aménagement et à l'enseignement : émergence de normes régionales ou constitution d'une berbère standard commun ?
- Vers un nouveau statut de l'arabe maghrébin ? Emergence de darija au Maroc ; Constitution d'un arabe maghrébin de France ?
- Les langues littéraires berbères et arabes maghrébines : des langues littéraires traditionnelles aux koinês littéraires écrites contemporaines.
- Berbère et Arabe maghrébin : nouvelles pratiques et nouveaux médias.
LES INTERVENTIONS
Lieu : Salle Paul-Albert Février, MMSH (Aix-en-Provence)
Arabe maghrébin
- Dominique Caubet (Lacnad-Cream) : « Nouveau mouvement culturel et social, nouveau rôle pour la darija : le Maroc d'après 2003. »
- Mourad Yelles (Lacnad-Cream) : « Situation du Texte maghrébin. Le cas des répertoires poétiques »
- Alexandrine Barontini(Lacnad-Cream) : « Vers l'émergence d'un arabe maghrébin de France ? »
- Christophe Pereira (Lacnad-Cream) : « Le parler arabe des jeunes de Tripoli (Libye). »
- Fatsiha Aoumer (Univ. Bejaia) : « Renversement de situation : l'arabe de Bougie, un très ancien parler arabe citadin menacé par le berbère ».
Berbère
- Abdellah Bounfour (Lacnad-Crb) : « La littérature berbère est-elle orale ? »
- Amar Ameziane (Lacnad-Crb), « L'expérience éditoriale du HCA et son impact sur le champ littéraire kabyle. »
- Daniela Merolla (Univ. Leyde/Lacnad-Crb) : « Rethinking literary definitions: Berber narratives and New Media »
- Kamal Naït-Zerrad (Lacnad-Crb): « Langue berbère et nouvelles technologies de l'information. »
- Kamal Chachoua (Iremam) : « Les traductions religieuses vers le kabyle (Coran, Bible) »
- Meftaha Ameur (Ircam, Rabat) : « Les études amazighes dans l'université marocaine : quelques aspects pratiques. »
- Abdellah Boumalk (Ircam, Rabat) : « Les défis de la standardisation de l'amazighe (le cas du Maroc). »
- Salem Chaker (Lacnad/Iremam) : « Langue berbère / langue kabyle etc. : réalités et fictions linguistiques et sociolinguistiques. Des clarifications difficiles mais inéluctables ».
- Ont également particpé aux débats : Ghislaine Alleaume (Iremam), Pierre Larcher (Iremam), Hélène-Claudot-Hawad (Iremam), Catherine Miller (Iremam), Nacira Abrous (MMSH), Dahbia Abrous (Univ. Bejaia/Lacnad-Crb), Jean Sibille (DGLFLF), Melissa Barkat-Defradas (Univ. Montpellier)...